I’ve sold nearly 400 copies of my first graphic novel Nuances since it came out a year ago, and I’ve been greeted with surprise almost every time. My drawings and storytelling skills are far from legendary but I made sure to create a high quality product that could be taken seriously, and I run my art like a boss runs their company. I am organized and professional. I have forms, contracts, business cards. I have done everything myself, from the writing to the drawing, including distribution and promotion of my product. Give or take a few helpers along the way to make sure I was doing it right. And I still run into people who think self-published comics are unworthy of being put on the same pedestal as other comics.
When I was an art teacher, people told me: “those that can’t do, teach”. I went into teaching because I was told I’d starve if I were an artist. Teaching in the public school system destroyed me. It took all my willpower and all my energy to rise from the ashes and make a life-changing decision to turn to a career in making comics. I have not regretted this decision a single day. Now, I teach for the pleasure of it, outside a system that is corrupt to the bone. Yes, there are financial limitations to me making comics full-time. But I can do. And I do, every day, conscious of the chance that I have. I do because I have to, because I have the need to share stories and help people in the way I best know how.
I’ve seen comic artists new- and not so new- to the industry get trampled under the weight of a commercial system that cared about numbers more than people. In my limited experience, I’ve seen people sign contracts that were later dishonored, torn up, or changed without the approval of the artist. I’ve seen editors not do their job. I’ve seen them publish without supervision, or with too much supervision so as to kill the soul of the artist inside. I’ve seen them throw them out into the world without love, or conveniently forget about the promotional or distributional aspect of the editor’s job. I’ve seen little to no due royalties distributed to the artists. I’ve seen artists hurt, or broken, and their dreams turned to nightmares. Don’t tell me there’s no better way to become a “professional” comic artist.
The best way to learn is to do. So I did. I did everything. I listened to the experts, and did what I was told, sometimes. Other times I just needed to know for myself. I needed to be accountable to no one else but me. It hurt to make mistakes, but none were so drastic as to leave me hopeless. I knew how to improve every time. I wrote, and I drew, and I found a way of working that was in tune with my personality, my character. I went and I shared these with people to get their opinions, to get them talking, to see if they agreed that what I was doing was important and unique. And most of them did. And some didn’t, and I learned as much from them- probably even more. I wanted to be the one to share my work, partly, admittedly, because of personal issues relating to trust, but it helped that I was the one selling my product because no one else could understand it to such an extent. And I took the liberty to drive stacks of them to different independent bookstores in Montreal, Quebec City, Toronto… Because I was interested in learning the entire lifecycle of a book, but also because I could. I could. And almost every time I was met with surprise. As if one individual couldn’t do it alone. As if one individual meant that there was no quality control.
I did this. I got here. And I worked hard as hell. And I’m still going. And I’m fighting for comics as a relevant and relatable literary medium, I’m fighting for the awareness and the start of a conversation about well-being (including mental, physical, psychological health, among others), and I’m fighting to prove that self-publishing can be just as good- and just as bad- as anything published by a company.
To be continued...
J'ai vendu près de 400 exemplaires de mon premier roman graphique Nuances depuis sa sortie il y a un an, et j'ai été accueilli avec surprise presque à chaque fois. Mes dessins et mes techniques de narration sont loin d'être légendaires, mais je me suis assuré de créer un produit de haute qualité qui pourrait être pris au sérieux, et je dirige mon art comme un patron dirige son entreprise. Je suis organisé/e et professionnel/le. J'ai des formulaires, des contrats, des cartes d’affaires. J'ai tout fait moi-même, de l'écriture au dessin, en passant par la distribution et la promotion de mon produit. Avec un peu d’aide en cours de route pour m'assurer que je le faisais correctement. Et je rencontre toujours des gens qui pensent que les bandes dessinées auto-éditées sont indignes d'être mises sur le même plateau que d'autres bandes dessinées.
Quand j'étais prof d'art, les gens me disaient "ceux qui ne peuvent pas faire, enseignent". Je suis rentré dans l'enseignement parce qu'on m'a dit que je mourrais de faim si je devenais artiste. L’enseignement dans le système scolaire public m'a détruit. Il a fallu toute ma volonté et toute mon énergie pour renaître de mes cendres et prendre une décision qui a changé ma vie. Je me suis tourné vers une carrière dans la création de bandes dessinées, et jamais je n’ai regretté cette décision. Maintenant, j'enseigne pour le plaisir en dehors d'un système qui est corrompu jusqu'à l'os. Je le fais parce que j'aime ça. Oui, il y a des limites financières à faire des bandes dessinées à temps plein. Mais je peux le faire. Et je le fais tous les jours, conscient/e de la chance que j'ai. Je le fais parce que je dois, parce que j'ai un quelque-chose impossible à ignorer à partager en histoires et parce que je ressens un besoin d’aider les gens de la façon dont je sais le mieux faire.
J'ai vu des bédéistes nouveaux - et pas si nouveaux - dans l'industrie se faire piétiner sous le poids d'un système commercial qui se souciait des chiffres plus que des gens. Dans mon expérience limitée, j'ai vu des gens signer des contrats qui ont été plus tard déshonorés, déchirés ou changés sans l'approbation de l'artiste. J'ai vu des éditeurs ne pas faire leur travail. Je les ai vus publier sans surveillance, ou avec trop de surveillance jusqu’à tuer l'âme de l'artiste dans l’oeuvre. Je les ai vus les jeter dans le monde sans amour, ou “oublier” l'aspect promotionnel ou distributionnel du travail de l'éditeur. J'ai vu peu ou pas de redevances dues aux artistes. J'ai vu des artistes blessés ou brisés et leurs rêves transformés en cauchemars. Me dites pas qu'il n'y a pas de meilleure façon de devenir bédéiste "professionnel".
La meilleure façon d'apprendre est de faire. Donc, j'ai fait. J'ai tout fait. J'ai écouté les experts et j'ai fait ce qu'on m'a dit... parfois. D'autres fois j'avais besoin de savoir pour moi-même. Je devais rendre des comptes à personne d'autre qu'à moi. Ça faisait mal de faire des erreurs, mais aucune n'était assez pour me laisser sans espoir. Je savais comment m'améliorer à chaque fois. J'ai écrit, j'ai dessiné, et j'ai trouvé une façon de travailler qui correspondait le mieux à ma personnalité, à mon caractère. J’y suis allé la tête la première et je les ai partagés, ces dessins, avec des gens pour obtenir leurs opinions, pour les faire parler, pour voir s'ils étaient d'accord que ce que je faisais était important et unique. Et la plupart d'entre eux étaient d’accord. Et certains non, et j'en ai appris autant d'eux, probablement même plus. Je voulais partager mon propre travail, en partie, j’avoue, à cause de problèmes personnels liés à la confiance, mais ça m'a aidé à vendre mon produit parce que personne d'autre ne pouvait le comprendre plus que moi-même. Et j'ai pris la liberté de reconduire des piles de livres dans différentes librairies indépendantes à Montréal, Québec, Toronto ... Parce que je voulais apprendre tout le cycle de vie d'un livre, mais aussi parce que je le pouvais. Je le pouvais. Et presque chaque fois j'ai été accueilli/e avec surprise. Comme si un individu ne pouvait pas le faire tout seul. Comme si un individu seul ne garantissait aucun de contrôle de qualité.
J'ai fait ça. Moi. Et j'ai travaillé dur. Et je continue. Et je me bats pour la bande dessinée en tant que médium littéraire pertinent, je me bats pour la conscientisation et le début d'une conversation sur le bien-être (incluant la santé mentale, physique, psychologique, entre autres), et je me bats prouver que l'auto-édition peut être aussi bonne - et aussi mauvaise - que tout ce qui est publié par une maison d’édition.
À suivre...